Page:Aimard - Balle france, 1867.djvu/57

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Ce spectacle avait quelque chose de hideux.

Et, après avoir salué les sachems, Natah-Otann se confondit dans la foule des guerriers, le front tranquille, mais le cœur dévoré d’inquiétude.

Cette éloquence, nouvelle pour les Indiens, les avait séduits, entraînés et jetés dans une sorte de frénésie.

Peu s’en fallait qu’ils ne considérassent le hardi chef pied-noir comme un génie d’une essence supérieure à la leur, et qu’ils ne courbassent les genoux devant lui pour l’adorer, tant il avait su frapper droit et faire vibrer surtout la corde qui devait toucher leurs cœurs.

Pendant assez longtemps le conseil fut en proie à un délire qui tenait de la folie. Tous parlaient à la fois.

Lorsqu’enfin cette émotion fut un peu calmée, les plus sages d’entre les sachems commencèrent à discuter sérieusement l’opportunité de la prise d’armes et les chances de succès.

Ce fut alors que les tribus du Far-West, qui elles croyaient fermement à la légende du feu sacré, furent utiles à Natah-Otann ; enfin, après une discussion assez longue, les avis furent unanimes pour une levée de boucliers en masse.

Les rangs des guerriers, un moment rompus, se reformèrent, et le Bison-Blanc, invité par les chefs à