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Page:Aimard - Balle france, 1867.djvu/81

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grossira le martyrologe immense des hommes d’élite qui se sont dévoués à leur patrie.


Une ombre blanche glissant sur la neige passa près de lui.

— Les choses ne sont pas assez avancées, il me semble, pour…

— Ne pas pouvoir reculer, n’est-ce pas ? interrompit-il.

— Oui.

— Tu te trompes ; pendant que tu t’occupes de ton côté à réunir tes partisans et à préparer l’exposition de ta prise d’armes, crois-tu donc que moi je reste inactif ?

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que tes ennemis soupçonnent tes projets, qu’ils te surveillent, et que si tu ne les préviens pas par un coup de foudre, ce sont eux qui te surprendront et te tendront un piège dans lequel tu tomberas.

— Moi !… s’écria le chef avec violence ; oh ! nous verrons !

— Redouble donc d’activité, ne te laisse pas prévenir, et surtout sois prudent, tu es surveillé de près, je te le répète.

— Comment savez-vous ?…

— Pourvu que je le sache, cela suffit, il me semble ; rapporte-t’en à ma prudence, je veille ; laisse les espions et les traîtres s’endormir dans une trompeuse sécurité ; si nous les démasquions, d’autres s’offriraient à leur place, il vaut mieux pour nous ceux que nous connaissons ; de cette façon, aucune de leurs démarches ne nous échappe, nous savons ce qu’ils font et ce qu’ils veulent, et tandis qu’ils se flattent de connaître nos projets et de les divulguer à ceux qui les payent, c’est nous qui sommes leurs maîtres et les amusons par des renseignements faux qui servent à cacher nos véritables résolutions ; crois-moi, leur confiance fait notre sécurité.

— Vous avez toujours raison, mon père, je m’en