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récit que nous avons entrepris de faire au lecteur nous amènent au fort Mackensie.


Les environs sont charmants et merveilleusement accidentés.

Les environs du fort sont charmants et merveilleusement accidentés.

Or, le lendemain du jour où s’étaient passés dans le village des Kenhàs les événements que nous avons rapportés plus haut, une pirogue en cuir, montée par un seul rameur, descendait la rivière des Elks, se dirigeant du côté du poste américain.

Après avoir suivi les nombreux détours de la rivière, la pirogue entra enfin dans le Missouri, vira tout à coup vers le nord-ouest et côtoya la rive septentrionale, parsemée de magnifiques prairies d’au moins trente milles de profondeur, où paissaient d’innombrables troupeaux de bisons, d’antilopes et de bigorns, qui, les oreilles droites et l’œil effaré, regardaient avec un sombre mécontentement passer la silencieuse embarcation.

Mais l’individu, homme ou femme, qui montait la pirogue, semblait trop pressé d’arriver à sa destination pour perdre son temps à tirer quelques-uns de ces animaux, qu’il lui aurait été facile d’abattre.

Les yeux imperturbablement fixés devant lui, courbé vigoureusement sur les avirons, plus il avançait vers le but qu’il voulait atteindre, plus il redoublait d’ardeur, poussant parfois de sourdes exclamations de colère et d’impatience, sans cependant ralentir sa course.

Enfin il laissa échapper de ses lèvres serrées un ah ! de satisfaction en doublant sur la droite un des innombrables coudes de la rivière ; un splendide spectacle s’était subitement montré à lui.

Des pentes douces avec des sommets variés, les uns arrondis, les autres plats, d’une agréable couleur verte, formaient le fond du tableau ; par devant il y avait de hautes forêts de peupliers d’un vert brillant, et des bois de saules sur le bord de la rivière, qui serpentait dans la prairie teinte d’une nuance bleu foncé par la lumière vive du soir ; un peu plus loin, sur le sommet d’un monticule verdoyant, se dressait le fort Mackensie, où le