Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/155

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étrange de tous les instincts bons et mauvais, sur lequel il est impossible d’avoir une opinion arrêtée.

— Mon Dieu, monsieur le comte, il en est des Mexicains comme de tous les peuples qui ont été longtemps esclaves ; après être demeurés enfants pendant des siècles, ils ont grandi trop vite et ont eu la prétention d’être des hommes faits lorsqu’à peine ils commençaient à comprendre leur émancipation et à être à même d’en recueillir les bénéfices.

— Cependant nous essaierons de les galvaniser ; la race révolutionnaire n’est peut-être pas complétement éteinte en ce pays, ce qui en reste suffira pour rallumer le feu sacré dans le cœur de tous.

— Que comptez-vous faire ?

— Me hâter, afin de ne pas me laisser attaquer, ce qui toujours implique sinon crainte, du moins infériorité.

— C’est juste.

— Combien comptez-vous me donner d’hommes ?

— Quatre-vingts cavaliers commandés par moi, je vous l’ai dit.

— Merci ! Mais ces cavaliers qui, entre parenthèses me seront fort utiles puisque je n’en ai que fort peu en ce moment, quand me rejoindront-ils ?

— Ce soir ils vous seront accordés ; sous deux jours, ils arriveront à la Mission.

— Pouvez-vous faire partir avec moi demain les mules, les wagons et les muletiers ?

— Très-bien !

— Bon ! Je me mettrai immédiatement en marche sur la Magdalena ; c’est un grand pueblo à cheval sur les deux routes d’Urès et d’Hermosillo.