Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/156

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— Je le connais.

— Rendez-vous directement là, cela évitera une perte de temps.

— C’est convenu ; j’y arriverai en même temps que vous, ce qui me sera d’autant plus facile que je n’aurai que ma cavalerie sans bagages, puisque je vous les aurai expédiés d’abord.

— Très-bien !

— Vous comptez donc agir vigoureusement ?

— Oui ; je veux tenter un grand coup. Si je réussis à me rendre maître de l’une des trois capitales de la Sonora, la campagne est gagnée pour moi.

— Peut-être est-ce téméraire, une pareille entreprise ?

— Je le sais ; mais, dans ma position, je ne dois rien ménager : l’audace seule peut et doit me sauver.

— Vous avez raison, je n’ajoute pas un mot ; maintenant, rendons-nous à l’assemblée, nos hommes sont réunis ; dans la disposition d’esprit où ils se trouvent, je suis certain que la demande que je vais leur faire ne souffrira pas la moindre difficulté.

Ils sortirent.

Ainsi que l’avait annoncé le capitaine, tous les colons étaient réunis dans la cour, fractionnés en groupes plus ou moins nombreux, dans lesquels on discutait avec chaleur sur l’opportunité de la réunion et les raisons qui l’occasionnaient.

Lorsque le capitaine parut, accompagné de ses deux amis, le silence s’établit immédiatement, la curiosité fermant, en cette circonstance, la bouche aux plus bavards.

Le comte de Prébois-Crancé était connu de la plupart des colons ; son apparition fut en consé-