Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/179

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— Je n’abuserai pas de vos instants, monsieur ; voici d’abord la lettre.

— Fort bien, répondit le comte en la prenant et en la posant sur la table.

— Le général don Sébastian Guerrero, continua le colonel, vous accorde la demande que vous lui avez fait l’honneur de lui adresser de la main de sa fille ; seulement il désire que, si cela est possible, la cérémonie nuptiale ait lieu le plus tôt possible.

— Je n’y vois aucun inconvénient.

— Il désire en outre que cette cérémonie, à laquelle il compte assister avec un grand nombre de ses parents et de ses amis, soit célébrée à la Mlagdalena, par le père Séraphin.

— À ceci, colonel, j’aurai quelques observations à faire.

— Je vous écoute, caballero.

— Je consens volontiers que le père Séraphin me marie ; seulement, la cérémonie n’aura pas lieu à la Magdalena, mais ici, dans mon camp, que je ne veux ni ne puis quitter.

Le colonel fronça le sourcil ; le comte continua sans paraître s’en apercevoir :

— Le général assistera au mariage avec autant d’amis et de parents que bon lui semblera ; mais comme malheureusement nous ne sommes pas vis-à-vis l’un de l’autre dans des relations aussi bonnes que je le souhaiterais, et que je dois veiller à ma sûreté de même que lui doit veiller à la sienne, le général voudra bien m’envoyer dix otages choisis parmi les personnes les plus influentes de l’État. Ces otages seront traités par moi avec les plus grands honneurs et rendus au général une heure