Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/31

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— Allez donc, lui dit-il doucement, et Dieu veuille que, grâce à vous, mon frère se rattache à la vie !

Elle sourit avec une inexprimable expression de finesse et de sécurité, et, légère comme un oiseau, elle s’envola rapidement au milieu des buissons.

Valentin et Curumilla, assez rapprochés du camp pour voir ce qui s’y faisait, sans cependant que le bruit de la voix arrivât jusqu’à eux, résolurent d’attendre où ils se trouvaient en ce moment et de n’intervenir que si leur présence devenait absolument nécessaire.

Le campement se trouvait dans le même état où le chasseur l’avait laissé en le quittant pour se rendre auprès du général ; don Luis et don Cornelio dormaient profondément.

Doña Angela demeura un instant silencieuse, fixant sur don Luis un regard dans lequel rayonnait une inébranlable résolution ; elle se pencha doucement sur lui. Mais au moment où sans doute elle allait poser légèrement sa main sur son épaule pour l’éveiller, un bruit soudain la fit tressaillir, elle se redressa vivement, jeta autour d’elle un regard effrayé, et se rejetant brusquement en arrière, elle disparut au milieu des buissons.

À peine s’était-elle éloignée, que le bruit, qui sans doute avait frappé ses oreilles et interrompu l’exécution de son projet, devint de plus en plus fort, et bientôt il fut facile de reconnaître le bruit cadencé des pas d’une nombreuse troupe en marche, et les grincements sourds des roues de plusieurs wagons.

— Vos compagnons arrivent, dit rapidement doña