Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
386
L’ÉCLAIREUR.

bleu et de vert, il le fît entrer dans un petit pavillon isolé, complètement séparé du corps de bâtiment dans lequel les vierges du Soleil étaient renfermées. Le grand-prêtre referma derrière lui la porte qui leur avait donné accès dans le pavillon ; ils traversèrent une espèce d’antichambre, et l’amantzin, soulevant une draperie suspendue devant une porte assez étroite, introduisit le soi-disant médecin dans une salle splendidement meublée à l’indienne. Le grand-prêtre, afin de faire, s’il était possible, oublier aux jeunes filles qu’elles étaient captives, avait doré leur cage avec le plus grand soin en la garnissant de tous les objets de luxe et de confort qu’il supposait devoir les flatter.

Dans un élégant hamac en fils de palmier, entièrement garni de plumes, suspendu à deux anneaux d’or, à environ cinquante centimètres de terre seulement, était couchée une jeune femme dont le visage, d’une pâleur excessive, portait l’empreinte d’une profonde douleur et les traces évidentes d’une grande maladie.

Cette jeune femme était doña Laura de Real del Monte. Auprès d’elle, les bras croisés sur la poitrine et les yeux remplis de larmes se tenait doña Luisa, son amie, ou plutôt sa sœur par la souffrance et le dévouement ; l’état d’accablement dans lequel était plongé doña Luisa prouvait que, malgré la force de son caractère, elle aussi avait enfin depuis quelque temps abandonné tout espoir de sortir de la prison dans laquelle elle était renfermée et que la maladie s’était emparée d’elle.

Cette pièce, ne recevant pas de jour du dehors, était éclairée par quatre torches d’ocote retenues par des cercles d’or scellés dans la muraille et dont la lueur vacillante projetait autour d’elle des reflets blafards.

En apercevant les deux hommes, doña Laura fit un geste d’effroi et cacha son visage dans ses mains. Le chasseur