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L’ÉCLAIREUR.

recommença avec un nouvel acharnement. Cette fois, malgré des prodiges de valeur inouïs, les aventuriers, débordes par la masse d’ennemis qui les assaillaient de toutes parts, furent contraints de se replier vers la maison en défendant le terrain pas à pas ; mais maintenant la résistance ne pouvait pas être longue.

Tout à coup des crisse firent entendre sur les derrières des Indiens, et Balle-Franche roula sur eux comme une avalanche à la tête de sa troupe. Les Peaux-Rouges, surpris et épouvantés par cette attaque imprévue, se replièrent en désordre et se dispersèrent dans la campagne. Don Miguel s’élança alors à la tête d’une vingtaine d’hommes pour soutenir son embuscade et achever la défaite des ennemis. Les aventuriers poursuivirent les Indiens qu’ils massacrèrent avec fureur. Tout à coup don Miguel poussa un cri de surprise et de rage.

Pendant qu’il se laissait entraîner à la poursuite des Apaches, d’autres Indiens, surgissant subitement dans l’espace laissé libre, s’étaient élancés dans l’hacienda. Les gambucinos tournèrent bride et retournèrent sur leurs pas de toute la rapidité de leurs chevaux. Il était trop tard ! l’hacienda était envahie.

Le combat devint alors un carnage horrible, une boucherie sans nom. Au milieu des Apaches, Atoyac, Addick et don Estevan semblaient se multiplier, tant leurs coups étaient pressés et leur fureur au comble. Sur la marche la plus élevée du perron conduisant dans l’intérieur de la maison, don Mariano et quelques gambucinos qu’il avait ralliés luttaient en désespérés contre les attaques répétées d’une foule d’Indiens. Soudain un voile sanglant s’étendit devant les yeux du jeune homme, une sueur froide inonda son visage : les Apaches avaient forcé l’entrée, ils inondaient la maison.