Et le capitaine, après avoir vidé son verre se leva.
Don Sebastian l’imita, fit un pas vers lui, et lui posant la main sur le bras :
— Un instant encore, lui dit-il.
— Que me veux-tu ?
— Écoutez-moi à votre tour, dit le jeune homme d’une voix sombre : vous avez été dur pour moi, capitaine ; ces vérités que vous m’avez fait entendre, peut-être, en considération de mon âge, de la solitude et de l’isolement dans lesquels j’ai toujours vécu jusqu’à présent, enfin à cause même de mon ignorance du monde, peut-être auriez-vous mieux fait de me les faire entendre plus doucement ; cependant je ne vous en veux pas de votre rude franchise ; au contraire, je vous en suis reconnaissant, car je sais que vous m’aimez et que l’intérêt que vous me portez vous a seul poussé à être aussi sévère. Demain, dites-vous, vous partez ?
— Oui.
— Où comptez-vous vous rendre ?
— À Mexico.
— C’est bien, capitaine ; vous ne partirez pas seul, je vous accompagnerai.
Le vieux soldat considéra un instant, le jeune homme d’un œil attendri ; puis serrant avec une énergie fébrile la main que celui-ci lui tendait :
— Bien ! muchacho, lui dit-il avec émotion, bien ; je ne me suis pas trompé, tu es un brave cœur, carai ! je suis content de toi.
Les deux hommes se séparèrent pour la nuit.
Le lendemain, au lever du soleil, ils quittèrent ensemble le Palmar et prirent allègrement la route de Mexico, où ils arrivèrent après un voyage de dix