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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/158

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LA FIÈVRE D’OR.

jours. Mais pendant ces dix jours passés tête-à-tête avec le capitaine, les idées du jeune homme s’étaient complétement modifiées, et un complet changement s’était opéré dans les aspirations de don Sebastian.

Le fils du général Guerrero appartenait, sans s’en douter, à cette classe si nombreuse d’hommes qui s’ignorent entièrement, et laissent aller paresseusement leur vie jusqu’au moment où un but leur étant subitement offert, une révolution se fait dans leur esprit, leur imagination s’enflamme, leur ambition s’éveille, et ils deviennent aussi actifs et aussi âpres à la curée, que précédemment ils étaient insoucieux et indifférents de leur avenir.

Le capitaine don Isidro Vargas n’eut qu’à se louer de l’intelligence avec laquelle celui qu’il nommait emphatiquement son élève avait compris les leçons qu’il lui avait données sur la manière de se conduire dans le monde.

Don Sébastian n’éprouva aucune difficulté, grâce à son nom et à la réputation dont, avec tant de raison, avait joui son père, à obtenir le grade de lieutenant dans l’armée.

Ce grade fut, pour le jeune homme, le premier échelon de l’échelle qu’il se préparait dès lors à gravir le plus rapidement possible.

Il faisait beau alors, au Mexique, pour un homme intelligent, à pêcher en eau trouble ; et malheureusement nous sommes contraints de le consigner, malgré les longues années qui se sont écoulées depuis la proclamation de son indépendance, rien n’est encore changé dans ce malheureux pays où l’anarchie semble être érigée en système.