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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/165

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LA FIÈVRE D’OR.

boutissent-t-elles pas au même point, la mort ! À quoi bon se laisser dominer par de stupides pressentiments ? Qui vivra verra !

Ce digne chasseur, un peu réconforté par ces réflexions philosophiques, rentra dans le patio et se mit en devoir de refermer la porte charretière, avant que d’aller pendant une heure ou deux se jeter sur son cuadro.

Pendant qu’il se livrait à cette occupation, il entendit derrière lui un bruit de pas qui se rapprochaient ; il tourna la tête et reconnut don Cornelio.

— Ah ! ah ! cher ami, lui dit-il gaiement en lui tendant la main, que l’autre serra affectueusement, vous voilà debout de bien bonne heure !

— Eh ! répondit en riant l’Espagnol, je vous trouve charmant de me dire cela, par exemple.

— Pourquoi donc ?

— Parce que si je me suis levé de bonne heure, il paraît que vous ne vous êtes pas couché, vous ?

Valentin se mit à rire.

— Parbleu ! vous avez raison ; le fait est que, à part vous et moi, il est certain que tout le monde dort dans le pueblo, et maintenant que cette porte est refermée, avec votre permission je vais aller en frire autant pendant une heure ou deux.

— Comment ! vous allez vous recoucher ?

— Très-bien.

— Pourquoi faire ?

— Mais pour dormir, apparemment.

— Pardonnez-moi, ce n’est pas cela que je voulais vous dire.

— Je m’en doute.

— Et vous savez ce que j’ai à vous dire ?