Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
LA FIÈVRE D’OR.

— C’est mon avis ; cependant il ne faut pas négliger cette occasion qui se présente si à l’improviste de nous débarrasser avantageusement de nos animaux.

— C’est ce que je pense.

— Fort bien ; alors, ne bougez pas ; surtout ne dites pas un mot du départ de don Luis.

— Vous croyez ?

— C’est important.

— Comme vous voudrez.

— Puis, lorsqu’on vous appellera ?

— J’irai.

— Non, nous irons tous deux, cela sera plus convenable. C’est entendu ?

— Parfaitement.

— Alors, bon soir ; je vais dormir un peu. S’il y avait du nouveau, avertissez-moi.

— Soyez tranquille.

Don Cornelio se retira.

Valentin n’avait nullement envie de dormir, il voulait être seul pour réfléchir à ce qu’il venait d’apprendre. Il avait parfaitement compris que la jeune fille avait joué avec l’Espagnol comme un chat avec une souris, feignant pour lui un intérêt qu’elle n’éprouvait nullement. Mais quel était son but dans tout cela ? aimait-elle don Luis ? la jeune fille avait-elle conservé dans son cœur le souvenir de l’aventure arrivée à l’enfant ? chez elle la reconnaissance s’était-elle tout doucement, à son insu, changée avec les années en amour ?

Voilà ce que le chasseur ne pouvait deviner. Valentin n’avait jamais été bien expert en fait de femmes, leur cœur était pour lui lettre morte, livre in-