Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/104

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nuestra Señora de la Soledad, divin secours des affligés, toi qui sondes les cœurs, tu vois la pureté de nos âmes, la sainteté de notre amour. Devant toi je prends pour épouse doña Anita de Torrès. Je jure de la défendre et de la protéger envers et contre tous, dussé-je perdre la vie dans la lutte que j’entame aujourd’hui pour le bonheur de celle que j’aime et qui, à compter d’aujourd’hui, est bien réellement ma fiancée.

Après avoir d’une voix ferme et brève prononcé ce serment, le Tigrero se tourna vers la jeune fille :

— À vous, maintenant, señorita, lui dit-il. La jeune fille joignit les mains avec ferveur, et levant ses yeux pleins de larmes vers la sainte image :

— Nuestra Señora de la Soledad, dit-elle d’une voix brisée par l’émotion, toi mon unique protectrice depuis le jour de ma naissance, tu sais si je te suis dévouée ; je jure que tout ce que cet homme a dit est la vérité ; je le prends pour époux devant toi, jamais je n’en aurai d’autre.

Ils se relevèrent

Doña Anita entraîna le Tigrero vers le balcon.

— Partez, lui dit-elle, la femme de don Martial ne doit pas être soupçonnée ; partez, mon époux, mon frère ; l’homme auquel on veut me livrer se nomme le comte de Lhorailles. Demain, au point du jour, nous nous mettons en route probablement pour le rejoindre.

— Et lui ?

— Il est parti cette nuit.

— Où va-t-il ?

— Je l’ignore.