leur servira de signal pour fondre sur les visages pâles.
Les Indiens se mirent immédiatement en devoir d’exécuter l’ordre du chef. Chacun à l’envi l’un de l’autre, chercha à rapprocher les troncs d’arbres ou les souches ; en quelques instants, un nombre considérable se trouva réuni auprès de la pointe de l’île. L’Ours-Noir jeta un dernier regard autour de lui, fit un geste pour ordonner le départ, et, le premier, il se laissa glisser dans l’eau et s’abandonna sur un arbre ; tous les autres le suivirent instantanément sans la moindre hésitation.
Les Apaches avaient manœuvré si habilement en amenant les troncs d’arbre sur la rive de l’île, ils avaient si bien choisi leur position, que, lorsque après s’être placés dessus ils les lancèrent de nouveau, les arbres reprirent presque aussitôt le courant et commencèrent à suivre tout doucement le fil de l’eau, dérivant d’une manière imperceptible dans la direction de la colonie où ils voulaient aborder.
Cependant, cette navigation essentiellement excentrique ne laissait pas que de présenter de graves inconvénients et de sérieux dangers à ceux qui l’entreprenaient.
Les Indiens abandonnés sans pagaies sur les arbres étaient contraints de se laisser emporter par le courant, ne réussissant qu’avec des efforts infinis à se maintenir dans une position convenable : comme tout bois flottant au gré des flots, les arbres exécutaient un continuel mouvement de rotation sur eux-mêmes, ce qui obligeait ceux qui les montaient à employer toutes leurs forces et toute leur adresse pour ne pas être submergés à chaque seconde ; puis,