Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/331

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doyantes, couvertes d’une herbe drue, haute et serrée, au milieu desquelles paissaient des animaux de toutes sortes ; des chants d’oiseaux, des sifflements de reptiles, des bruissements de bisons, enfin la vie grande, vigoureuse, joyeuse surtout, s’exhalant par tous les pores de cette nature bénie.

De l’autre, un silence de mort, un horizon grisâtre, une mer de sable, dont les flots tourmentés se pressaient de toutes parts comme pour envahir la prairie ; pas la plus maigre broussaille, rien, ni ronces, ni mousses : du sable !

Après sa conversation avec Cucharès, le comte avait rappelé ses lieutenants et s’était remis à boire et à rire en leur compagnie.

À une heure assez avancée de la nuit, on se leva de table pour se livrer au sommeil.

Cucharès, lui, ne dormit pas, il songea. Nous savons maintenant, à peu près du moins, dans quel but il avait rejoint le comte à la Casa-Grande.

Au lever du soleil les trompettes sonnèrent la diane.

Les soldats se levèrent du sol où ils avaient dormi, secouèrent le froid de la nuit et s’occupèrent activement du pansage des chevaux et des préparatifs du repas du matin.

Le camp prit en quelques minutes cette animation joyeuse et goguenarde qui caractérise les Français quand ils sont en expédition.

Dans la grande salle de la Casa-Grande, le comte et ses lieutenants, assis sur des crânes desséchés de bisons, tenaient conseil : la discussion était animée.

— Dans une heure, dit le comte, nous nous met-