Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/106

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conscience plutôt que dans la persuasion que celui qu’elle attendait vainement depuis si longtemps allait paraître, elle aperçut, à une portée de flèche à peu près, un homme qui s’avançait à grands pas de son côté.

Elle devina plutôt qu’elle ne reconnut don Pablo de Zarate.

— Enfin ! s’écria-t-elle avec bonheur en se précipitant à sa rencontre.

Le jeune homme fut bientôt auprès d’elle.

En la reconnaissant il fit un pas en arrière.

— Vous, madame ! lui dit-il ; c’est vous qui m’avez écrit de me rendre ici ?

— Oui, répondit-elle d’une voix tremblante, oui, c’est moi.

— Que peut-il y avoir de commun entre nous ? reprit dédaigneusement don Pablo.

— Oh ! ne m’accablez pas, je comprends à présent seulement tout ce que ma conduite a eu de coupable et d’indigne ; pardonnez un égarement que je déplore. Écoutez-moi, au nom du ciel ne méprisez pas les avis que je veux vous donner, il s’agit de votre salut et de celui de ceux que vous aimez !

— Grâce à Dieu, madame, répondit froidement le jeune homme, pendant les quelques heures que nous avons été réunis, j’ai assez appris à vous connaître pour ne plus ajouter foi à aucune de vos protestations ; je n’ai qu’un regret en ce moment, c’est celui de m’être laissé entraîner dans le piège que vous m’avez tendu.

— Moi, vous tendre un piège ! s’écria-t-elle avec indignation, lorsque je verserais avec joie la dernière goutte de mon sang pour vous sauver !

— Me sauver ? moi ! Allons donc, madame ! me