Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/174

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aller à haute voix à un enthousiasme et un besoin d’exprimer sa reconnaissance, dont une partie était vraie sans nul doute, mais qui cependant était trop bruyant pour ne pas être exagéré.

Le père Séraphin feignit de se laisser prendre à ce manège et continua pendant tout le voyage à causer gaiement.

Six heures environ après avoir quitté la grotte, on arriva au jacal.

C’était une charmante petite hutte en roseaux entrelacés divisée en plusieurs compartiments avec un corral derrière pour les chevaux.

Rien ne manquait ; cachée au fond d’une vallée d’un abord assez difficile, elle s’élevait sur la rive gauche d’un mince cours d’eau affluent du Gila.

Bref, la position de cette sauvage demeure était délicieuse, et rien n’était plus facile que de s’y trouver parfaitement heureux.

Lorsque les voyageurs eurent mis pied à terre et conduit leurs chevaux au corral, le père Séraphin visita avec ses deux protégés l’intérieur du jacal.

Tout était dans l’ordre qu’il avait dit, rien ne manquait, et si le confortable ne s’y trouvait pas, il y avait du moins plus que le strict nécessaire.

Ellen était ravie ; son père feignait peut-être de le paraître plus qu’il ne l’était en réalité.

Après avoir passé une heure à se promener d’un côté et d’un autre afin de tout voir, le père Séraphin prit congé du squatter et de sa fille.

— Déjà ! s’écria Ellen ; déjà vous nous quittez, mon père !

— Il le faut, mon enfant ; vous savez que mon temps ne m’appartient pas, répondit-il en mon-