Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/197

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le père Séraphin cacha Mme Guillois dans un de ces compartiments dont les murs à jour étaient formés par une réunion de stalactites qui affectaient les formes les plus bizarres.

Après avoir entravé leurs chevaux, les chasseurs gravissaient la montagne. Tout en montant on les entendait causer entre eux ; le bruit de leur voix arrivait distinctement jusqu’aux habitants de la grotte, qui écoutaient avidement les paroles qu’ils prononçaient.

— Ce pauvre père Séraphin, disait Valentin, je ne sais si vous êtes comme moi, caballeros, mais je suis tout heureux de le voir ; je craignais qu’il ne nous eût abandonnés sans retour.

— C’est une grande consolation pour moi dans ma douleur, répondit don Miguel, de le savoir aussi près de nous ; cet homme est un véritable apôtre.

— Qu’avez-vous donc, Valentin ? dit tout à coup le général Ibañez ; pourquoi vous arrêtez-vous ?

— Je ne sais, répondit celui-ci d’une voix peu assurée, il se passe en moi quelque chose que je ne puis m’expliquer. Aujourd’hui, lorsque l’Araignée m’a annoncé l’arrivée du père, j’ai éprouvé un serrement de cœur indéfinissable ; maintenant, voilà que cela me reprend ; pourquoi ? je ne saurais le dire.

— Mon ami, c’est la joie de revoir le père Séraphin qui vous cause cette émotion, voilà tout. Le chasseur secoua la tête.

— Non, dit-il, ce n’est pas cela, il y a autre chose ; ce que j’éprouve n’est pas naturel ; j’ai la poitrine oppressée, j’étouffe. Mon Dieu ! mon Dieu ! que se passe-t-il donc ?

Ses amis se groupèrent autour de lui avec inquiétude.

— Laissez-moi monter, dit-il avec résolution ; si