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Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/205

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difficulté. Il faudrait loger ma mère dans un défrichement assez rapproché pour que je puisse la voir souvent, et cependant assez éloigné du désert pour qu’elle fût à l’abri de tout danger.

— Mais, dit don Miguel, il me semble que l’hacienda que je possède aux environs du Paso del Norte conviendrait parfaitement, d’autant plus qu’elle offrirait à votre mère, mon ami, toutes les garanties de confortable et de sécurité que vous pouvez désirer pour elle.

— En effet, s’écria Valentin, ma mère serait on ne peut mieux dans votre hacienda, je vous remercie du fond de mon cœur de l’offre que vous me faites ; malheureusement, je ne puis l’accepter.

— Pourquoi donc cela ?

— Eh ! mon Dieu, pour une raison que vous apprécierez aussi bien que moi ; elle est beaucoup trop éloignée.

— Croyez-vous ? demanda don Miguel.

Valentin ne put retenir un sourire à cette question de l’hacendero.

— Mon ami, lui dit-il doucement, depuis que vous êtes entré dans le désert, les circonstances vous ont obligé à faire tant de tours et de détours, que vous avez complètement perdu le sentiment des distances, et vous ne vous doutez pas, j’en suis sûr, à combien de milles nous sommes du Paso del Norte.

— Ma foi non, je l’avoue, fit don Miguel étonné ; cependant, je suppose que nous ne devons pas être fort éloignés.

— Mais encore ?

— Dame, à cent cinquante milles au plus.

— Mon pauvre ami, fit Valentin en hochant la tête,