vous êtes loin de compte ; nous sommes à plus de sept cents milles du Paso del Norte, qui est l’extrême limite des établissements civilisés.
— Diable ! s’écria l’hacendero, je ne me croyais pas aussi loin.
— Maintenant, continua Valentin, de cette ville à votre hacienda il y a environ cinquante milles, n’est-ce pas ?
— Oui, à peu près.
— Vous voyez donc, mon ami, qu’à mon grand regret, il m’est impossible d’accepter votre offre généreuse.
— Que faire ? dit le général Ibañez.
— C’est embarrassant, répondit Valentin ; le temps nous presse.
— Et d’aucune façon, votre mère ne peut rester ici ; cela est de toute impossibilité, objecta don Miguel.
Curumilla avait jusque-là suivi la discussion sans, suivant son habitude, y prendre aucune part. Voyant que les chasseurs ne pouvaient réussir à se mettre d’accord, il se tourna vers Valentin.
— Un ami voudrait parler, dit-il.
Tous le regardèrent.
Les chasseurs savaient que Curumilla ne prenait jamais la parole que pour donner des avis qui, presque généralement, étaient suivis.
Valentin fit un geste d’assentiment.
— Nos oreilles sont ouvertes, chef, dit-il.
Curumilla se leva.
— Koutonepi oublie, fit-il.
— Qu’est-ce que j’oublie ? demanda le chasseur.
— Koutonepi est le frère de l’Unicorne, le grand chef comanche.