Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/239

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leurs lacs brillants, leurs défilés ténébreux et leurs torrents écumeux qui bondissaient avec fracas ; puis, bien loin par-delà ces limites sauvages, l’œil des chasseurs se perdait dans un paysage sans bornes se déroulant de tous côtés dans un lointain vaporeux, comme la surface de la mer par un temps calme.

Grâce à la pureté et à la transparence de l’atmosphère, les aventuriers distinguaient les moindres objets à une étonnante distance.

Du reste, selon toutes probabilités, ces hommes n’avaient pas entrepris cette ascension périlleuse dans un but de curiosité. La façon dont ils examinaient le paysage et analysaient les différentes parties du vaste panorama qui se déroulait devant eux prouvait, au contraire, que des raisons fort graves les avaient poussés à braver les difficultés presque insurmontables qu’ils avaient vaincues afin d’atteindre le point où ils se trouvaient.

Le groupe formé par ces hommes aux visages hâlés, aux traits énergiques et aux costumes pittoresques, appuyés sur leurs rifles, les yeux fixés dans l’espace et les sourcils froncés, avait quelque chose de grand et de fatal, à cette hauteur incommensurable, au sommet de ce pic couvert de neiges éternelles dont la masse leur servait pour ainsi dire de piédestal, au milieu de cette nature tourmentée et bouleversée qui les environnait de toutes parts.

Longtemps ils demeurèrent ainsi sans parler, cherchant à distinguer, dans les anfractuosités des mornes et dans les détours des quebrados, les moindres accidents de terrain, sourds aux grondements lugubres des torrents qui bondissaient à leurs pieds, et aux roulements sinistres des avalanches qui glissaient le long