tentative ne réussit pas, nous périrons, mais au moins nous tomberons roides morts sans souffrances, presque sans agonie ; si nous réussissons par un miracle, car c’est presque un miracle que j’attends de l’inépuisable bonté de Dieu, nous serons sauvés. Réfléchissez bien avant de me répondre. Mes amis, êtes-vous fermement résolus à me suivre et à m’obéir en tout ce que je vous ordonnerai, sans hésitation et sans murmure ; à faire enfin, pour quelques heures, abnégation entière de votre volonté pour ne vous diriger que par la mienne ? Répondez !
Les chasseurs échangèrent un regard.
— Commandez, mon ami, dit l’hacendero répondant pour ses compagnons ; nous jurons de vous suivre et de vous obéir, quoi qu’il arrive.
Il y eut un instant de silence.
Enfin Valentin le rompit.
— C’est bien, dit-il, j’ai votre promesse ; à moi d’accomplir la mienne. D’un geste empreint d’une majesté suprême, le coureur des bois se découvrit, et, levant les yeux au ciel : Seigneur, murmura-t-il, notre vie est entre tes mains ; nous nous confions en ta justice et ta bonté. Puis, se tournant vers ses compagnons :
— Partons ! dit-il d’une voix ferme.
Les chasseurs se mirent en devoir de quitter leur camp.
Valentin prit la tête de la petite troupe.
— Et maintenant, ajouta-t-il d’un ton bref, le plus grand silence !
Les chasseurs s’avançaient en file indienne : le Français ouvrait la marche, Curumilla la fermait.
Par cette nuit obscure, ce n’était pas certes une