Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/253

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quelles s’étendait un gouffre béant de douze ou quinze mètres de large.

— C’est ici que nous passons, dit Valentin ; vous ayez dix minutes pour reprendre haleine et vous préparer.

— Comment, ici ? demanda don Miguel avec étonnement ; mais je ne vois que des précipices de tous les côtés :

— Eh bien, répondit le chasseur, nous les franchirons.

L’hacendero secoua la tête avec découragement.

Valentin sourit.

— Savez-vous où nous sommes ? dit-il.

— Non, répondirent ses compagnons.

— Je vais vous le dire, reprit-il : ce lieu est lugubrement célèbre parmi les Peaux-Rouges et les chasseurs des prairies ; peut-être vous-mêmes aurez-vous déjà plusieurs fois entendu prononcer son nom devant vous sans supposer qu’il arriverait jamais un jour où vous vous en trouveriez aussi près : on le nomme le mal Paso, à cause de cet énorme précipice qui coupe tout à coup la montagne et interrompt brusquement les communications avec le bord opposé.

— Eh bien ? fit don Miguel.

— Eh bien, reprit Valentin, il y a quelques heures, en haut du pic, pendant que je suivais des yeux ces deux voyageurs que nous apercevions au loin sur la route de Santa Fé, mon regard est tombé par hasard sur le mal Paso ; alors j’ai compris qu’une chance de salut nous restait encore, et qu’avant de nous avouer vaincus, nous devions essayer de franchir le mal Paso.

— Ainsi, demanda en frémissant don Miguel,