Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/255

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Après être resté quelques minutes immobile, le chasseur rejoignit ses amis.

— Tout va bien, fit-il.

Alors il détacha son lasso de sa ceinture, et commença froidement à l’enrouler à sa main droite.

Curumilla sourit ; l’Indien avait compris ce que le Français voulait faire ; sans parler, selon sa coutume, il détacha son lasso et imita les mouvements de son ami.

— Bon, lui dit Valentin avec un signe approbatif ; à nous deux, chef !

Les deux coureurs des bois étendirent la jambe droite en avant, rejetèrent le corps en arrière afin de se trouver bien d’aplomb, et firent tournoyer les lassos autour de leur tête.

À un signal convenu, les lassos s’échappèrent de leur main et partirent en sifflant.

Valentin et Curumilla avaient conservé dans la main gauche l’extrémité de la corde ; ils tirèrent à eux, les lassos se tendirent ; malgré tous leurs efforts, les chasseurs ne purent les ramener.

Valentin poussa un cri de joie, il avait réussi.

Le chasseur réunit les deux lassos, les enroula autour d’un rocher et les attacha solidement.

Se tournant alors vers ses compagnons :

— Voici un pont, dit-il.

— Ah ! s’écrièrent les Mexicains, à présent nous sommes sauvés !

Ces hommes au cœur de bronze, qui ne redoutaient aucun péril et ne connaissaient au un obstacle, pouvaient à la rigueur parler ainsi, bien que le chemin fût des plus périlleux.

Valentin et Curumilla avaient jeté leurs lassos après un rocher qui s’élevait de l’autre côté du précipice,