Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/267

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Il se tourna ensuite vers ses compagnons qui ne pouvaient s’empêcher de l’admirer, confondus par tant de courage et de présence d’esprit.

— Je crois, dit-il en souriant, que, si nous continuons ainsi, le Cèdre-Rouge aura une certaine difficulté à retrouver notre piste, et que nous, au contraire, nous pourrons bien retrouver la sienne. Ah çà, maintenant, jetons un coup d’œil sur nos domaines, et voyons un peu où nous sommes.

Et il se mit immédiatement en mesure de faire le tour de la plate-forme.

Elle était beaucoup plus vaste que le rocher supérieur qu’ils venaient de quitter. À son extrémité commençait la forêt vierge qui descendait en pente assez douce jusqu’au fond de la barranca.

Lorsque Valentin eut reconnu les abords de la forêt, il rejoignit ses compagnons en hochant la tête.

— Qu’avez-vous ? demanda don Pablo ; auriez-vous aperçu quelque chose de suspect ?

— Hum ! répondit Valentin ; je ne sais trop, mais je me trompe fort, ou dans les environs se trouve la tanière d’une bête fauve.

— Une bête fauve ! s’écria don Miguel ; à cette hauteur !

— Oui, et voilà justement ce qui m’inquiète ; les traces sont larges, profondes. Voyez donc vous-même, Curumilla, ajouta-t-il en se tournant vers l’Indien et lui indiquant d’un geste l’endroit vers lequel il devait se diriger.

Sans répondre, l’ulmen se courba vers la terre et examina attentivement les empreintes.

— À quel animal croyez-vous donc que nous ayons affaire ? demanda don Miguel.