Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/289

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— Adieu, et que le diable vous emporte ! mais prenez garde à ma sœur : je me soucie fort peu de vos vieilles carcasses pourvu que la fillette ne coure aucun danger.

— Bon, bon, fit le squatter ; nous ferons ce qu’il faudra pour sauvegarder ta sœur ; ne t’occupe pas d’elle, garçon ; allons, décampe !

Nathan embrassa Ellen, qui lui serra affectueusement la main en essuyant quelques larmes.

— Ne pleurez pas, Ellen, lui dit-il brusquement ; la vie d’un homme n’est rien, après tout ; ne vous chagrinez donc pas pour moi, il n’en sera jamais que ce qu’il plaira au diable.

Après avoir prononcé ces paroles d’un ton qu’il cherchait vainement à rendre insouciant, le jeune sauvage jeta son rifle sur l’épaule, prit un quartier de daim qu’il suspendit à sa ceinture et s’éloigna à grands pas, sans se retourner une seule fois.

Cinq minutes plus tard, il disparut au milieu des halliers.

— Pauvre frère ! murmura Ellen, il marche à une mort certaine.

— By God ! fit le Cèdre-Rouge en haussant les épaules, nous y marchons tous à la mort, chaque pas nous en rapproche à notre insu ; à quoi bon nous attendrir sur le sort qui le menace ? savons nous celui qui nous attend, nous autres ? Pensons à nous, mes enfants ; nous ne sommes nullement sur des roses, je vous en préviens, et il faudra toute notre adresse et notre sagacité pour sortir d’ici, car je n’ose pas compter sur un miracle.

— C’est beaucoup plus prudent, répondit Fray Ambrosio d’un air narquois ; d’ailleurs il est écrit