Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/317

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escaladé la plate-forme et se trouvait alors à vingt pas à peine de l’intrépide chasseur.

Valentin ne fit pas un geste, pas un de ses muscles ne tressaillit ; seulement ses dents se serrèrent à se briser, et une écume blanchâtre perla à chaque coin de ses lèvres.

L’ours était, ainsi que nous l’avons dit, à vingt pas à peine de l’intrépide chasseur qui semblait le braver.

Le fauve, surpris de l’intrépidité de l’homme, dompté parle fluide électrique qui, semblable à deux rayons de soleil, s’échappait incessamment de l’œil fier du chasseur, fit un pas en arrière.

Pendant un instant il resta immobile, la tête basse ; mais bientôt il commença à fouiller la terre avec ses griffes formidables en hurlant doucement, comme s’il eût voulu s’encourager à commencer l’attaque.

Tout à coup il se ramassa sur lui-même ; Curumilla profita de cet instant, il alluma la torche de bois-chandelle qu’il tenait toute prête à cet effet, et sur un signe de Valentin il en fit miroiter la flamme devant l’ours.

L’animal, ébloui par la lueur brillante de la torche qui venait brusquement dissiper l’obscurité qui l’environnait, se dressa soudain sur ses pattes de derrière, et se tournant vers l’indien, il essaya avec une de ses pattes de devant d’atteindre la torche, afin probablement de l’éteindre.

Valentin arma son rifle, se campa solidement sur ses jambes, mit enjoue et commença à siffler doucement.

Dès que le bruit du sifflet eut frappé ses oreilles, l’ours s’arrêta ; il resta ainsi quelques secondes comme s’il cherchait à se rendre compte de ce bruit insolite.