Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/319

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rieusement les mouvements du monstre qui râlait à ses pieds.

— Grâce à Dieu ! s’écria don Miguel avec effusion, vous êtes sain et sauf, mon ami !

— Avez-vous donc cru que je courais un danger ? répondit simplement le chasseur.

— Comment, si je l’ai cru ! fit l’hacendero avec un étonnement mêlé d’admiration ; mais, j’ai tremblé pour votre vie !

— Cela n’en valait pas la peine, je vous assure, fit nonchalamment le chasseur ; les ours gris et moi nous sommes de vieilles connaissances : demandez à Curumilla combien nous en avons roulés ainsi.

— Mais, objecta don Pablo, l’ours gris est invulnérable, les balles s’aplatissent sur son crâne et glissent sur sa fourrure.

— Ceci est parfaitement exact ; seulement vous oubliez qu’il est un endroit où l’on peut le frapper.

— Je le sais, l’œil ; mais il est presque impossible de l’atteindre là du premier coup ; il faudrait pour cela être doué, je ne dirai pas d’un courage et d’un sang-froid à toute épreuve, mais d’une adresse merveilleuse.

— Merci, répondit Valentin en souriant ; maintenant que notre ennemi est mort, regardez, je vous prie, et dites-moi à quelle place je l’ai atteint.

Les Mexicains se baissèrent vivement ; en effet, l’ours était mort. Son gigantesque cadavre, que Curumilla était déjà en train de dépouiller de sa magnifique fourrure, couvrait un espace de près de dix pieds.

La balle du chasseur était entrée dans l’œil droit.

Les deux hommes poussèrent un cri d’admiration.

— Oui, fit Valentin, répondant à leur pensée, c’est