— Ma mère avait quelque chose à me demander.
— À quoi bon, chère enfant, répondit-elle avec hésitation, puisque vous ne voudrez pas m’accorder ma demande.
— Ma mère le croit, mais elle n’en est pas sûre, fit-elle malicieusement.
La vieille dame sourit.
— Avez-vous donc deviné ce que j’allais vous dire ? répondit-elle.
— Peut-être ! Que ma mère s’explique, afin que je voie si je me suis trompée.
— Non, c’est inutile ; je sais que ma fille me refusera.
Le Rayon-de-Soleil éclata d’un rire frais et joyeux en frappant ses petites mains l’une contre l’autre.
— Ma mère sait bien que non, dit-elle. Pourquoi ma mère n’a-t-elle pas confiance en moi ? est-ce que quelquefois elle m’a trouvée méchante ?
— Jamais ; au contraire, toujours vous avez été prévenante, douce et bonne pour moi, cherchant à calmer mes chagrins, à dissiper mes inquiétudes.
— Que ma mère parle donc, puisque les oreilles d’une amie sont ouvertes, lui dit le Rayon-de-Soleil d’une voix calme.
— Au fait, reprit la vieille dame qui semblait se consulter, ce que je désire est juste. Le Rayon-de-Soleil est mère ? fit-elle avec intention.
— Oui, répondit-elle vivement.
— Ma fille aime son enfant ?
L’Indienne la regarda avec étonnement.
— Est-ce qu’il y a des mères dans la grande île des blancs qui n’aiment pas leur enfant ? dit-elle. Mon enfant, c’est moi : n’est-il pas ma chair, mon sang et