Mais, en attendant, il jouissait du présent.
Tous ceux qui aiment sont ainsi, pour eux l’avenir n’est rien, le présent est tout.
Don Pablo galopait à la lueur des éclairs, ne sentant ni la pluie qui l’inondait, ni le vent qui faisait rage au-dessus de sa tête.
Tout à son amour, il songeait à la conversation qu’il avait eue avec Ellen, et se plaisait à se rappeler toutes les paroles qui avaient été échangées pendant cette heure trop tôt écoulée.
Tout à coup, son cheval, dont il ne songeait pas à s’occuper, fit entendre un hennissement.
Don Pablo releva instinctivement la tête.
A dix pas devant lui, un cavalier se tenait immobile en travers de la route.
— Ah ! ah ! fit don Pablo en se redressant sur sa selle et en armant ses pistolets. Vous êtes bien tard sur les chemins, compagnon. Livrez-moi passage, s’il vous plaît.
— Je ne suis pas plus tard que vous sur les chemins, don Pablo, répondit-on aussitôt, puisque je vous y rencontre.
— Eh mais ! s’écria le jeune homme en désarmant ses pistolets et les renfonçant dans les fontes, que diable faites-vous ici, don Valentin ?
— Vous le voyez, j’attends.
— Vous attendez ?
— Oui.
— Et qui donc, à cette heure avancée, pouvez-vous attendre ainsi ?
— Vous, don Pablo.
— Moi ! fit le Mexicain avec étonnement, voilà qui est étrange.