Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/341

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— Mes fils sont les bienvenus à mon campement, dit-il avec cet accent guttural si prononcé qui appartenait à la race rouge seule et que les blancs ont tant de peine à imiter : le Wacondah les a conduits ici, je m’efforcerai de remplir ses intentions en les recevant le mieux qu’il me sera possible.

— Merci, répondit l’Araignée en lui jetant un regard investigateur, nous acceptons l’offre de notre frère aussi franchement qu’il nous l’a faite ; mes jeunes hommes camperont avec lui.

Il donna ses ordres, qui furent immédiatement exécutés. Comme la veille, l’Araignée construisit une hutte pour les femmes, hutte dans laquelle celles-ci se retirèrent immédiatement. Le sorcier avait jeté sur elles un regard qui avait fait passer un frisson sur tout leur corps.

Après le repas, l’Araignée alluma sa pipe indienne et s’assit auprès du sorcier ; il voulait causer avec lui et tâcher d’éclaircir, non pas des soupçons, mais des doutes qu’il avait à son égard.

Malgré lui, l’Indien éprouvait pour cet homme un sentiment de répulsion invincible dont il ne pouvait se rendre compte.

Nathan, bien qu’en fumant avec toute la gravité que les Peaux Rouges mettent à cette opération, s’enveloppant d’un épais nuage de fumée, qu’il chassait par le nez et la bouche, suivait d’un regard en dessous tous les mouvements de l’Indien, sans paraître s’occuper de lui.

— Mon père voyage ? demanda l’Araignée.

— Oui, répondit laconiquement le soi-disant sorcier,

— Depuis longtemps ?

— Depuis huit lunes.