Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/361

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les Peaux Rouges, et se réjouissait, non pas d’enlever son frère au milieu d’eux, mais de la figure qu’ils feraient lorsque, l’heure du supplice arrivée, ils viendraient pour le chercher afin de l’attacher au poteau, et ne le trouveraient plus.

Fray Ambrosio envisageait, lui, la question à un point de vue diamétralement opposé : leur position, disait-il, était déjà assez critique sans aller encore, de gaieté de cœur, la rendre plus périlleuse pour essayer de sauver un homme qu’ils ne parviendraient pas à faire échapper, ce qui les perdrait sans ressource en donnant l’éveil aux Peaux Rouges.

La discussion fut longue et animée entre les trois aventuriers, chacun tenant opiniâtrement à son opinion ; ils ne parvinrent pas à se mettre d’accord ; ce que voyant le Cèdre-Rouge, il coupa péremptoirement court à toute observation en annonçant qu’il était résolu à sauver son fils, et qu’il le sauverait quand bien même tous les Indiens du Far West voudraient s’y opposer.

Devant une résolution aussi nettement formulée, il n’y avait plus qu’à se taire et à courber la tête ; c’est ce que fit le moine. Le squatter se prépara alors à mettre son projet à exécution.

Nous avons dit que la nuit était venue ; avec elle d’épaisses ténèbres avaient, comme un noir linceul, enveloppé la prairie ; la lune, parvenue à sa période décroissante, ne devait paraître qu’à deux heures du matin ; il était huit heures du soir environ, c’était six heures de répit que le Cèdre-Rouge avait devant lui, il résolut de les mettre à profit.

Dans une circonstance aussi grave que celle où se trouvaient les aventuriers, le temps se mesure avec