— Tout ! répondit fermement Valentin en continuant son examen.
Curumilla, penché sur le sol, déblayait le terrain et interrogeait le rocher.
— Ooah ! fit-il.
Chacun se baissa.
Le chef montrait du bout du doigt une ligne longue de dix centimètres au plus, épaisse comme un cheveu, qui se détachait en noir sur le rocher.
— Ils ont passé par ici, reprit Valentin, cela est pour moi aussi incontestable que deux et deux font quatre ; tout me le prouve : les pas que nous avons découverts, se dirigeant en sens inverse de l’endroit où nous sommes en sont une preuve irréfragable.
— Comment cela ? fit don Miguel avec étonnement.
— Rien de plus simple : ces traces qui vous ont trompés ne pouvaient donner le change à un vieux coureur des bois comme moi ; elles pesaient trop du talon, n’étaient pas régulières et hésitaient tantôt à droite, tantôt à gauche : preuve qu’elles étaient fausses.
— Comment fausses ?
— Parfaitement. Voici ce qu’a fait le Cèdre-Rouge pour dissimuler la direction qu’il suivait : il a marché pendant près de deux lieues à reculons.
— Vous croyez ?
— J’en suis sûr. Le Cèdre-Rouge, bien qu’assez âgé, est doué encore de toute la vigueur de la jeunesse ; son pas est ferme, parfaitement régulier ; comme tous les hommes habitués à la vie des forêts, il marche avec précaution, c’est-à-dire en posant d’abord la pointe du pied comme tout individu qui n’est pas certain de ne pas être contraint de rétrograder.