Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/384

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Une heure environ après l’ascension si heureusement exécutée par le fils du squatter, la Gazelle blanche, réveillée par le froid ou plus probablement par le désir de s’assurer par elle-même que le prisonnier était bien gardé et dans l’impossibilité de fuir, s’était levée, et, seule, avait traversé le camp, enjambant par-dessus les guerriers endormis, s’orientant comme elle le pouvait dans les ténèbres ; car la plupart des feux étaient éteints, et ceux qui par hasard brûlaient encore ne répandaient qu’une lueur incertaine. Poussée par cet instinct de la haine qui trompe si rarement ceux qui en ressentent l’aiguillon acéré, elle avait enfin fini par se reconnaître dans ce dédale inextricable pour tout autre, et était arrivée à l’arbre où devait se trouver attaché le prisonnier.

L’arbre était solitaire ; les cordes qui avaient servi à Nathan gisaient hachées à quelques pas.

La Gazelle blanche eut un moment de stupeur à cette vue à laquelle elle était si loin de s’attendre.

— Oh ! murmura-t-elle avec rage, c’est une famille de démons ! Mais comment s’est-il donc évadé ? comment a-t-il pu fuir ?

Alors elle chercha.

— Ces misérables dorment tranquilles, dit-elle en apercevant les deux guerriers étendus, tandis que l’homme dont ils étaient chargés de surveiller les mouvements se rit d’eux et est loin déjà.

Elle les poussa du pied avec mépris.

— Chiens maudits ! leur cria-t-elle, réveillez-vous, le prisonnier est évadé !

Les dormeurs ou soi-disant tels ne bougèrent pas.

— Oh ! oh ! fit-elle, que signifie cela ?

Elle se pencha sur eux et les examina avec soin.