Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/395

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XXXV.

La chasse continue.

Les chasseurs demeurèrent un moment silencieux, les yeux fixés sur le cadavre de leur ennemi.

L’Unicorne, qui lui gardait sans doute rancune pour la façon dont il s’était moqué de lui en se faisant passer pour un de ses parents, rompit l’espèce de charme qui enchaînait les assistants en dégainant son couteau à scalper et en enlevant avec une dextérité peu commune le cuir chevelu du pauvre diable.

— C’est la chevelure d’un chien des longs couteaux, dit-il avec mépris en passant son sanglant trophée à sa ceinture. Sa langue menteuse ne trompera plus personne.

Valentin réfléchissait profondément.

— Qu’allons-nous faire maintenant ? demanda don Miguel.

— Canelo ! s’écria don Pablo, ce n’est pas difficile à deviner, père : nous mettre immédiatement à la poursuite du Cèdre-Rouge.

— Que dit mon frère ? interrogea l’Unicorne en se tournant avec déférence vers Valentin.

Celui-ci releva la tête.

— Tout est fini pour cette nuit, répondit-il ; cet homme était chargé de nous amuser pendant que ses amis fuyaient. Essayer de les poursuivre en ce moment serait une insigne folie ; ils ont sur nous trop d’avance pour qu’il nous soit possible de les atteindre ; la nuit est si noire qu’il nous faudrait placer un guerrier en vedette sur chaque branche d’arbre. Con-