Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/397

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— Oh ! ma mère ! ma bonne mère ! comment est-elle venue ici ? Oh ! je cours, je veux la voir.

— La voilà ! dit Curumilla.

L’Araucan, au premier mot prononcé par l’Unicorne, devinant le plaisir qu’il ferait à son ami, avait, sans rien dire, été chercher Mme Guillois que l’inquiétude tenait éveillée, bien qu’elle fût loin de se douter que son fils se trouvât si près d’elle.

— Mon fils ! s’écria la digne femme en le pressant dans ses bras.

Après les premiers moments d’effusion passés, Valentin passa le bras de sa mère sous le sien et la reconduisit doucement au calli.

— Vous n’êtes pas sage, ma mère, lui dit-il d’un ton de reproche. Pourquoi avez–vous quitté le village ? La saison est avancée, il fait froid, vous ne connaissez pas le climat mortel des prairies ; votre santé est chancelante, je veux que vous vous soigniez, que vous preniez de vous le plus grand soin ; ce n’est pas pour vous, c’est pour moi que je vous prie de le faire. Hélas ! si je vous perdais que deviendrais-je ?

— Cher enfant ! répondit la vieille dame avec attendrissement. Oh ! que je suis heureuse d’être aimée ainsi ! Ce que j’éprouve à présent rachète amplement tout ce que ton absence m’a fait souffrir. Je t’en prie, laisse-moi agir à ma guise ; à mon âge on ne doit pas compter sur un lendemain problématique ; ne me sépare plus de toi ; qu’au moins si je n’ai pu y vivre, j’aie le bonheur de mourir dans tes bras !

Valentin regarda attentivement sa mère ; ces paroles sinistres l’avaient frappé douloureusement au cœur ; il fut effrayé de l’expression de son visage,