Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/78

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savez-vous, cher ami ? Ainsi, à votre avis, il n’y a plus d’espoir ?

— Si, reprit Valentin, il nous en reste un seul.

— Lequel ? s’écria vivement le général.

— Il nous reste l’espoir du pendu, que la corde casse. Le général fit un mouvement.

— Rassurez-vous, reprit le Français toujours sarcastique ; elle ne cassera pas, je vous en réponds.

— Belle consolation que vous me donnez là, fit le général d’un air moitié gai, moitié fâché.

— Dame, que voulez-vous, c’est la seule qu’il me soit permis de vous donner en ce moment ; mais, ajouta-t-il en changeant brusquement de ton, tout cela ne nous empêche pas de déjeuner, je suppose.

— Bien au contraire, répondit le général, car je vous avoue que j’ai une faim de loup, chose qui, je vous assure, ne m’était pas arrivée depuis longtemps.

— À table alors, s’écria Valentin en riant, nous n’avons pas un instant à perdre si nous voulons déjeuner tranquilles.

— En êtes-vous sûr ?

— Pardieu ! Du reste, à quoi bon nous inquiéter d’avance ? Venez vous mettre à table.

Les trois hommes se dirigèrent alors vers une tente en feuillage adossée au tombeau du Bison-Fou, et, comme ils l’avaient dit, ils mangèrent d’un excellent appétit ; peut-être, ainsi que le soutenait le général, était-ce parce que la vue des Apaches les avait mis en bonnes dispositions.

Cependant Stanapat, dès qu’il avait eu installé son camp, s’était empressé d’expédier des courriers dans toutes les directions, afin d’avoir le plus tôt possible des nouvelles de ses alliés.