Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/392

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— Que mon frère vienne donc, puisqu’il le veut !

— Bon, mon frère est fâché ! un nuage a passé sur son visage ; il a tort, son ami l’aime.

— Je le sais, chef, je le sais ; je ne suis pas fâché, mais mon cœur est triste de voir un guerrier risquer ainsi de se faire tuer sans nécessité.

— L’Unicorne est un sachem, il doit donner l’exemple à ses jeunes gens sur le sentier de la guerre.

Valentin fit un geste d’assentiment.

— Voilà les chevaux des Faces Pâles, dit Curumilla, mon frère en aura besoin.

— C’est vrai, répondit en souriant le chasseur ; mon frère est un grand chef, il songe à tout.

Chacun se mit en selle ; l’Unicorne seul continua à rester à pied.

Valentin plaça l’alferez auprès de lui.

— Caballero, lui dit-il, vous nous servirez de guide jusqu’à votre camp. Nous n’en voulons pas à la vie de vos compatriotes ; notre intention est seulement de les mettre provisoirement dans l’impossibilité de nous suivre. Pesez bien mes paroles : si vous essayez de nous tromper, je vous brûle la cervelle ; vous êtes averti.

L’officier espagnol s’inclina sans répondre.

Les prisonniers avaient été si consciencieusement attachés par Curumilla qu’il n’y avait nullement à craindre une évasion.

La petite troupe se mit en marche. L’Unicorne disparut dans les halliers.

Arrivés à quelque distance du bivouac, une sentinelle cria : Qui vive !

— Répondez, dit à voix basse Valentin au prisonnier.

L’officier répondit.