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Le Forestier, par Gustave Aimard

— C’est ma foi vrai, je n’y songeais pas ; il posa sa pipe sur la table ; comment les verrons-nous ? ajouta-t-il.

Le guide fit glisser deux ou trois planches fort minces dans des rainures intérieures.

— Nous dominons la pièce dans laquelle ils entreront ; ces ouvertures que j’ai démasquées sont cachées dans tes ornements du plafond et complètement invisibles du dehors : regardez.

Le capitaine se pencha vers tes ouvertures, car elles étaient placées à peu près à la hauteur de son épaule, et il regarda.

Le trou était assez grand et percé de façon à ce qu’il fût facile d’embrasser d’un coup d’œil la chambre tout entière.

Cette pièce assez grande était parfaitement, même luxueusement meublée, c était plutôt un salon qu’un cabinet.

Plusieurs paquets de petites dimensions étaient posés sur la table.

— Qu’est-ce que c’est que ces paquets ? demanda le capitaine.

— Des perles.

— Hum ! il y en a pour une valeur considérable.

— C’est à cause de ces paquets que don Jesus Ordoñez vient ici.

— Je le suppose, reprit-il avec hauteur, mais il n’aurait eu qu’à me les réclamer, je me serais fait un devoir de les lui rendre.

— Oui, et vous auriez appris par la que don Jesus Ordoñez de Sytva y Castro fait la contrebande ; c’est ce qu’il a voulu éviter.

— Oui, c’est probable, mais il doit y avoir autre chose encore.

— Voilà ce que, je l’espère, nous saurons bientôt.

— Patience, alors

— Le plus fort est fait, capitaine ; eh ! tenez, entendez-vous ? Voilà nos hommes, avant dix minutes nous tes verrons entrer.

En effet, un grand bruit se faisait entendre au dehors, des portes furent ouvertes et fermées, des pas se rapprochèrent, la porte du cabinet et du salon s’ouvrit enfin et don Jesus et don Pablo parurent ; un troisième personnage les accompagnait.

— Je savais bien qu’il y avait autre chose, murmura à part lui le guide à nos postes, señores, surtout ne soufflons pas mot.

Les trois hommes regardèrent.

Don Jesus et don Pablo avaient les vêtements en désordre et couverts de poussière comme des gens qui viennent de faire une longue traite à franc étrier.

Le personnage qui tes accompagnait était un grand vieillard à mine cha-