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LES FRANCS TIREURS.

Alors ce fut à bord de la corvette un désordre et une panique impossible à décrire. Les matelots épouvantés couraient dans tous les sens sans rien entendre.

Enfin le commandant parvint à dominer le tumulte ; l’équipage reconnut sa voix, et au commandement de : Feu ! quinze pièces de canon tonnèrent à la fois, en réponse à l’agression inqualifiable du corsaire.



XX

LA PRISE.


Les avaries éprouvées par la corvette étalent graves.

Le mât de beaupré est la clé de la mâture d’un navire ; sa chute avait entraîné celle du mât de misaine, que le grand-mât de perroquet, n’étant plus étayé, n’avait pas tardé à suivre.

Le plus grand désordre régnait à bord, où, comme cela arrive presque toujours en pareille circonstance, l’équipage était subitement passé d’une confiance folle à une terreur profonde.

Le pont était encombré de débris de toutes sortes, vergues, espars, voiles, boutes-hors de bonnettes, manœuvres enchevêtrées les unes dans les autres, au milieu desquels les matelots couraient éperdus, abandonnant leurs postes, sourds aux exhortations tout comme aux menaces de leurs chefs, n’ayant plus qu’une pensée : échapper à la mort qu’ils croyaient suspendue sur leur tête.