Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/69

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fonctionne l’étrange gouvernement de cette excentrique république.

L’uniforme militaire plaît généralement aux masses : la vie du soldat a quelque chose en soi de si indépendant de la vie commune que tous les peuples, plus ou moins, se laissent entraîner et séduire par le clinquant des broderies et des épaulettes, les roulements des tambours et les appels aigus des clairons.

Les peuples jeunes surtout aiment à jouer au soldat, à faire ondoyer des panaches, caracoler des chevaux de bataille et étinceler de grands sabres.

La lutte du Mexique contre l’Espagne dura dix ans, constante, fiévreuse, acharnée ; elle fut fertile en événements terribles et en poignantes péripéties.

Les Mexicains, tenus par leurs oppresseurs dans la plus complète sujétion, étaient aussi simples au commencement de la révolution qu’à l’époque de la conquête ; la plupart ignoraient comment se charge un fusil, aucun d’eux n’avait eu d’armes à feu entre ses mains.

Cependant excités par l’ardent désir de liberté qui bouillait au fond de leurs cœurs, leurs progrès en tactique militaire furent rapides, et bientôt les Espagnols apprirent à leurs dépens que ces misérables guérillas commandées par des prêtres et des curés, qui d’abord n’étaient armées pour la plupart que de lances et de flèches, étaient enfin capables de répondre à leurs feux de pelotons, de se faire bravement tuer sans reculer d’un pouce, et de leur infliger en détail des défaites terribles.

L’enthousiasme et la haine des oppresseurs avaient