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fait des soldats de tous les hommes en état de porter les armes.

L’indépendance proclamée, la guerre finie, le rôle de l’armée était terminé pour un pays qui, sans voisins immédiats, n’avait à redouter aucune intervention étrangère dans ses affaires intérieures et qui n’avait à craindre aucune invasion.

L’armée devait donc déposer ces armes qui avaient si vaillamment conquis la liberté du pays, et rentrer paisiblement dans ses foyers : c’était son devoir, on s’attendait à ce qu’il en fût ainsi, on se trompa.

L’armée se sentait forte, redoutée, elle voulait garder la place qu’elle avait prise et imposer à son tour des conditions.

N’ayant plus d’ennemis à combattre, elle se fit de son autorité privée l’arbitre des destinées du pays qu’elle était appelée à défendre ; afin de créer des avancements parmi ses officiers l’armée fit des révolutions.

Alors commença cette ère des pronunciamientos dans laquelle se trouve fatalement entraîné le Mexique, et qui le conduit irrésistiblement au gouffre dans lequel sombrera finalement son indépendance si chèrement acquise et jusqu’à sa nationalité.

Du sous-lieutenant au général de division, chacun se fit un marchepied du pronunciamiento pour avancer d’un grade : le lieutenant pour être capitaine, le capitaine colonel, le colonel général, et le général président de la république du Mexique. Il y a ordinairement de trois à quatre présidents à la fois, souvent il y en a cinq et même six ; un seul président serait considéré comme un phénomène extraordi-