Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/111

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— Quelle heure était-il ? demanda le juge d’instruction.

— Sept heures et demie du soir, répondit le maître d’hôtel.

La marquise recevait-elle des lettres, des journaux ? reprit le magistrat.

— Madame la marquise ne recevait que deux ou trois journaux de modes : l’Illustrateur des Dames, la Mode illustrée et le Musée des Familles ; les lettres étaient rares ; elle restait souvent des semaines entières sans en recevoir.

— La marquise avait-elle reçu des lettres la veille ?

— Aucunes ; depuis cinq jours le facteur n’avait pas paru à l’hôtel.

Le juge d’instruction s’était alors adressé au concierge, et lui avait demandé combien de personnes étaient venues à l’hôtel pendant la journée.

— Les fournisseurs ordinaires, le matin — répondit cet homme — le docteur d’Hérigoyen, et c’était tout ; ce n’était pas le jour de réception de madame la marquise.

— Quel était son jour de réception ?

— Le mardi.

L’on était un vendredi.

— Quelles personnes sont sorties le soir ? reprit le juge d’instruction.

— Aucunes ; la porte a été fermée à huit heures, madame la marquise s’étant retirée pour la nuit ; je suis resté dans ma loge jusqu’à minuit, à jouer à la cadrette avec le maître d’hôtel, les deux cochers, le cuisinier, le sommelier et le valet de pied. J’avais mis les barres et lâché le chien dans la cour ; à minuit, mes collègues se sont retirés et je me suis couché.

Les deux magistrats échangèrent un regard de désappointement, ils causèrent pendant quelques instants à voix basse, puis le commissaire de police ordonna à l’intendant de le conduire à l’appartement de la marquise.

On monta au premier étage, et après avoir traversé