Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/149

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moyen quelconque de renouer cette affaire, si difficile qu’elle vous paraisse !

— Certainement, il y a un moyen, mais ce moyen, je doute que tu consentes à l’employer.

— Pourquoi donc cela ?

— Dame, je ne sais pas, moi, je le suppose, voilà tout.

— Mon père, si nous continuons ainsi, nous risquons de n’aboutir à rien.

— C’est juste ; seulement laisse-moi te dire qu’à la vérité je tenais beaucoup à la réussite de cette affaire, mais que maintenant j’y ai complètement renoncé et que je ne ferai rien pour la renouer ; et, pour achever ma pensée, maintenant que j’ai repris mon sang-froid, je préfère qu’elle soit rompue ; c’est te dire que je te laisse pleine et entière liberté, que ce que tu feras sera bien fait ; cela est positif et très clair, n’est-ce pas ?

— Oui, mon père, très clair et très positif, en effet.

— Donc, maintenant, agis comme tu l’entendras ; cela te regarde, je ne m’en mêle plus.

— Alors vous me permettez de prendre connaissance de cette lettre ?

— Parfaitement, garçon ; je te la donne, fais-en ce qu’il te plaira.

Le jeune homme prit la lettre et l’ouvrit sans remarquer le regard narquois que son père fixait sur lui.

Mais à peine eut-il lu quelques mots, qu’il jeta un cri de joie, des larmes remplirent ses yeux, et, tombant dans les bras que son père ouvrait pour le recevoir :

— Oh pardon ! pardon ! père… s’écria-t-il d’une voix tremblante, vous êtes et vous serez toujours mon meilleur ami. Comment pourrai-je jamais m’acquitter envers vous ?

— En m’aimant comme je t’aime ; garçon. Je n’ai que toi, hélas ! Depuis quelques jours, tu m’as fait bien souffrir !

— Pardonnez-moi, je vous en supplie, père, mais j’étais si malheureux !

— Allons ! reprit gaiement le médecin, tout est fini