Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/174

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revient de Bayonne, je vous laisse jaser ensemble, mes gentils amoureux.

Il se leva, mit un baiser au front de la jeune fille et sortit.

Les deux jeunes gens restèrent seuls.

Ils avaient un monde de choses à se dire.

Les amoureux sont prolixes ; ils tournent toujours autour de ces deux mots charmants : je t’aime ! qu’ils retournent de mille façons différentes.

Oh ! ces épanchements de deux cœurs bien aimants, ils ne se produisent qu’une fois dans la vie, mais le souvenir en reste toujours brûlant au fond du cœur !

Denisà donna à son fiancé une petite croix d’or que sa mère lui avait mise au cou le jour de sa naissance et que jamais elle n’avait quittée.

— Conserve-la aussi précieusement que l’anneau des fiançailles que je t’ai mis au doigt, lui dit-elle, les yeux pleins de larmes.

— Je te le jure ! chère aimée, répondit Julian, ces deux talismans me porteront bonheur ; prends cette bague, elle vient de ma mère, que je n’ai jamais connue, hélas ! elle renferme de ses cheveux, c’est tout ce que je possède d’elle, je te la donne !

La jeune fille prit la bague, la baisa et la mit à son doigt, près de son anneau de fiançailles.

— Jamais je ne la quitterai, dit-elle avec une ineffable tendresse.

Cependant les heures s’écoulaient rapides, il fallut partir, le cabriolet attendait.

À dix heures, on arriva au val de la Cabra.

Bernardo attendait, tenant deux vigoureux chevaux en bride.

Les adieux des deux fiancés furent déchirants.

La jeune fille fut replacée à demi-évanouie dans le cabriolet.

Julian était à peu près dans le même état.

Le père et le fils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre et demeurèrent longtemps embrassés, peut-être