Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avaient-ils de sombres pressentiments ; ils avaient le cœur serré, leurs larmes se confondaient.

Puis tout à coup le docteur repoussa son fils.

— Pars, lui dit-il d’une voix qu’il essayait en vain de raffermir ; peut-être as-tu trop tardé ?

Julian attacha sa valise sur le cheval.

— Julian ! mon bien-aimé, adieu ! cria Denisà d’une voix mourante.

Le jeune homme s’élança, son père le retint et le contraignit de se mettre en selle.

— Au revoir, Denisà ! à bientôt, ma bien-aimée ! cria Julian.

Le docteur asséna un vigoureux coup de manche de fouet sur la croupe des chevaux qui partirent au galop.

Le docteur resta immobile à la même place aussi longtemps que l’obscurité lui permit d’apercevoir les deux cavaliers.

Enfin leurs noires silhouettes se confondirent avec les ténèbres.

Le bruit de leurs pas, s’éloignant de plus en plus, avait déjà depuis quelques instants cessé d’être perceptible.

— Le reverrai-je ! murmura le docteur, dont un sanglot déchira la gorge.

Puis il ajouta tristement :

— Il me reste un enfant, encore !

Il remonta dans son cabriolet, embrassa la jeune fille, qui fondait en larmes, et, sans essayer de la consoler, il prit, le cœur brisé, la route de Bayonne.