Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/186

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à Z… vers lequel nous nous dirigeons, nous aussi.

Puis ce chef interrogea les jeunes gens séparément, leur demanda leurs noms, qui ils étaient, d’où ils venaient, où ils allaient et quel était le motif de leur voyage.

Mais toutes ces questions furent faites poliment, et même avec une certaine déférence.

Julian et Bernardo répondirent avec une entière franchise et de façon à dissiper entièrement les soupçons de leur interrogateur au cas où il en aurait conçu contre eux.

— Excusez-nous, messieurs, dit-il, de vous avoir ainsi peut-être un peu trop brutalement arrêtés, mais le temps nous presse, et la situation est grave, vous le savez.

— Nous ne savons absolument rien, monsieur, répondit Julian ; nous voyageons depuis douze jours ; sur notre route nous n’avons communiqué avec personne, de sorte que nous sommes dans la plus complète ignorance de ce qui se passe.

— Puisqu’il en est ainsi, apprenez donc, monsieur, que le Président de la République a forfait à l’honneur et trahi la nation qu’il avait juré de servir ; il a fait un coup d’État pour rétablir l’Empire ; les députés républicains, les principaux généraux ont été, pendant la nuit, arrêtés à domicile et mis à Mazas, ou enfermés dans les forts. On se bat à Paris ; la France se lève pour protester contre cet odieux attentat.

— C’est affreux dit Julian ; mais êtes-vous bien certain…

— Oh ! le doute n’est pas possible, nous sommes bien renseignés. Hier 3, vers sept heures du soir, le mot d’ordre d’insurrection nous est arrivé de V… ; il fut aussitôt transmis au comité. Il fut décidé que nous n’irions pas à V…, que nous nous bornerions à une insurrection locale contre les autorités, qui n’ont plus et ne peuvent plus avoir la confiance des honnêtes gens. Ce matin, nous sommes sortis du bourg pour nous armer et attendre nos amis qui ne tarderont sans doute pas à nous rejoindre.