Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/187

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En ce moment un homme arriva en courant.

Il dit quelques mots à l’oreille de l’inconnu. Celui-ci se retourna vers les deux voyageurs :

— Messieurs, leur dit-il gravement, nous partons ; veuillez nous accompagner, aussitôt que nous serons entrés à V…, je vous donne ma parole d’honnête homme que vous serez entièrement libres de faire ce que bon vous semblera et même de continuer votre voyage si bon vous semble.

Julian et son ami s’inclinèrent sans répondre.

Tenter de résister ou de fuir eût été folie ; mieux valait pour eux obéir, tout en se promettant in petto d’abandonner, aussitôt que faire se pourrait, ces dangereux compagnons de route et de s’éloigner au plus vite.

On leur avait permis de remonter à cheval, circonstance qui plus tard fut tournée contre eux et influa beaucoup sur les événements qui suivirent.

Sur un signe muet du chef des insurgés, ceux-ci avaient formé leurs rangs avec une promptitude et une régularité qui témoignaient d’une instruction militaire assez avancée, mais qui n’avait rien d’étonnant parce que la plupart de ces hommes étaient d’anciens soldats.

Les insurgés se mirent en marche, le fusil sous le bras, ce qui n’indiquait aucunes intentions hostiles de leur part.

Julian et Bernardo marchaient au pas de leurs chevaux, un peu en avant de la troupe insurgée, aux côtés de l’homme qui avait procédé à leur interrogatoire.

Ils semblaient ainsi être les chefs de cette troupe armée, dont, au contraire, ils étaient les prisonniers, Ce qu’ils firent observer, en riant, à leur compagnon inconnu, qui en rit avec eux.

Cependant les insurgés marchaient bon pas ; bientôt ils atteignirent Z…, dans lequel ils entrèrent sans que personne s’opposât à leur passage. Ils se dirigèrent alors vers la mairie.

Le maire les attendait devant la porte.

Il protesta contre l’envahissement de la mairie et tenta