Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/190

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ne sont guère sûres en ce moment, ce qui vous est arrivé avec nous eût pu vous arriver avec d’autres dans de pires conditions ; des colonnes mobiles rôdent partout dans les campagnes ; qui sait comment leurs chefs vous traiteraient si vous tombiez entre leurs mains ? Après cela, faites comme vous l’entendrez, je m’en lave des mains ; adieu et bonne chance !

Il leur donna une poignée de main et leur tourna le dos.

Les dernières paroles de cet homme avaient donné fort à réfléchir à Julian ; ce qu’il avait dit était parfaitement juste. Sa situation, en ce moment surtout, était très grave et menaçait de s’aggraver encore.

Il fallait agir avec la plus grande prudence, pour éviter d’être plus tard compromis.

Julian et son ami se dirigèrent vers l’auberge, dans laquelle ils entrèrent, résolus à se laisser guider par les événements et à profiter de la première chance qui leur serait offerte pour s’éloigner au plus vite.

Ils assistèrent, de la fenêtre de leur chambre, à l’échauffourée causée par le brigadier de gendarmerie.

Ils demeurèrent ainsi pendant plusieurs jours, fort inquiets, s’informant de tout ce qui se passait et des nouvelles qui circulaient dans la population.

Les nouvelles devenaient à chaque instant plus mauvaises.

On racontait avec des détails affreux ce qui s’était passé à V…, à T…, ainsi que dans d’autres villes du département de H…

Partout, la réaction triomphait et se montrait impitoyable.

Le sang, disait-on, coulait à flots sous les balles des soldats, conduits par des chefs qui, tous, s’étaient ralliés au coup d’État.

La situation des deux jeunes gens était intolérable ; l’inquiétude les dévorait. Ils résolurent d’aller eux mêmes chercher des nouvelles, quels que fussent les risques qu’ils